L’Association québécoise des professeurs de français (AQPF) tient à souligner le travail de l’Université de l’Ontario français (UOF) qui a publié le rapport de sa première année d’opération le 21 novembre, et, plus largement, à exprimer son appui à tous ceux et celles qui ont pris le temps de dénoncer la décision du gouvernement conservateur ontarien d’abolir le Commissariat aux services en français et de mettre fin au projet de création de l’Université de l’Ontario français. D’entrée de jeu, il faut rappeler que l’éducation en français dépasse la simple compétence provinciale.

À la suite de la lecture du rapport, l’AQPF reconnait la perte significative que représente notamment la mort dans l’œuf du Carrefour francophone du savoir et de l’innovation : « L’UOF a mené un processus de concertation avec ses partenaires potentiels pour réaliser la planification du Carrefour francophone du savoir et de l’innovation. Le Carrefour regroupera dans ses installations permanentes une quinzaine d’institutions et organismes francophones de la région qui seront intégrés dans sa mission académique, créant une synergie transformative tant pour l’université que pour ces organismes[1]. » L’AQPF ne peut qu’être solidaire de tous ses organismes qui désiraient, sous un même toit, travailler de concert avec des intervenants partageant les mêmes visées.

En terminant, la tentation serait forte de circonscrire l’annonce de l’abolition de l’UOF au problème – très réel – des droits des minorités francophones au Canada, un peu à la manière de l’Appel de la race de Lionel Groulx, qui évoquait les querelles scolaires vers 1915 sous fond de tensions raciales[2]. L’AQPF étant membre de la Fédération internationale des professeurs de français, elle tient à souligner, dans le contexte international qu’incarne le modèle de l’université moderne, la perte considérable que son éventuelle fermeture représenterait pour l’amélioration de l’enseignement du français. Les fondations de l’UOF étant déjà érigées – et avec tous les deniers publics déjà investis -, il serait malheureux de se priver du terreau fertile qu’offre l’UOF à l’application des fameuses « compétences transversales » tant vantées de ce côté de la frontière par notre ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Optimiste, l’AQPF souhaite que la décision du gouvernement Ford ait un effet boule-de-neige auprès de nos élus et que cela débouche vers une augmentation des fonds destinés à la création de l’UOF.

 


[2] Pleau, Jean-Christian. «  Polémique sur un « mauvais livre » : L’appel de la race de Lionel Groulx. » Voix et Images, volume 28, numéro 2, hiver 2003, p. 138–159. https://doi.org/10.7202/006602ar.