801 – La langue n’est pas qu’un lieu de faute

La pratique de la langue écrite au collégial passe essentiellement par la rédaction d’analyses littéraires et de dissertations explicatives ou critiques. L’évaluation de la qualité de la langue s’exerce de façon punitive et relève exclusivement d’un examen de sa conformité au code. La langue est présentée comme un outil dont il faut apprendre à user correctement. Elle est un lieu de fautes, l’important étant d’éviter d’en commettre. Nous élevons ainsi nos étudiants dans la crainte de l’erreur et les enfermons dans une pratique aseptique de la langue. N’aurions-nous pas avantage à leur proposer par ailleurs d’autres pratiques de la langue écrite, en appelant à d’autres modes d’évaluation de sa qualité? Nous sommes six professeurs de collège, associés au LIREL (Laboratoire intercollégial de recherche en enseignement de la littérature), à croire que oui. Nous avons donc choisi d’inviter nos étudiants à expérimenter, en marge de la lecture d’œuvres littéraires, des pratiques d’écriture autres que l’analyse littéraire et la dissertation, des pratiques qui font appel à leur imaginaire, à leur sensibilité, à leur jugement, à leur créativité, des pratiques qui donnent lieu à la production de textes originaux que nous évaluons autrement que par leur seule conformité au code. Nous présenterons nos expérimentations, discuterons des conceptions de la langue sur lesquelles elles se fondent et réfléchirons aux difficultés posées par ces pratiques, notamment en matière d’évaluation.