802 – Punk : l’image et son sens…

Lors d’un cours sur le romantisme noir, j’ai soumis aux étudiants une représentation actualisée du courant en utilisant un vidéoclip du groupe gothique rock Evanescence. Pendant la visualisation de « Going Under », une étudiante s’est exclamée : « Pourquoi elle porte autant de boucles de ceinture? » L’explication que j’allais lui donner en surprit plusieurs et me mit sur la piste de cette communication. En fait, cet héritage sadomasochiste que les gothiques revêtent parfois aujourd’hui ne provient pas d’une fascination simpliste pour la violence, la torture ou le fétichisme, mais d’une pratique signifiante qui remonte aux balbutiements du mouvement punk en Angleterre. Cette pratique punk inversait l’ordre symbolique des choses. De la même façon, ils détournaient d’un usage conformiste les épingles à couche, les sacs de poubelles et les chaînes des cuvettes. Leur identité composite et unique se manifestait surtout les soirs et les fins de semaine, lors des fêtes. Ces punks du dimanche y dansaient des antidanses qui (re)présentaient l’impuissance, l’inégalité et l’aliénation de la société bourgeoise : le pogo, la pose ou le robot. Devant moi, en classe, quelques étudiants se sont dits amateurs de musique punk, mais aucun n’était en mesure de remonter jusqu’à la signifiance des signes de cette esthétique. Je me suis proposé de remédier à la situation et de relier les pratiques du mouvement punk à différents courants littéraires régulièrement enseignés au collégial.