Classe d'enseignement

Québec, jeudi 19 juin 2014 – Un article écrit par Daphnée Dion Viens à partir de la lettre écrite par Suzanne Richard et Érick Falardeau « Pour un véritable développement professionnel des enseignants ». Cet article ne relève qu’une partie des éléments exprimés dans la lettre qui est également présentée dans la section Nouvelle de cette page. Nous vous invitons à visiter notre page Facebook pour lire les réactions que cette publication a suscitée.

(Québec) Les professeurs de français sont favorables à la création d’un ordre professionnel et d’un mécanisme d’évaluation des enseignants, une idée à laquelle s’opposent vivement les syndicats. De son côté, le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, ne ferme pas la porte à ces deux propositions.

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias mercredi en fin de journée, l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF) se prononce pour la création d’un ordre professionnel.

«On trouve dommage qu’on n’entende pas la voix de profs dévoués, hyper-compétents qui en veulent, un ordre professionnel. Ces voix sont étouffées par des gens qui revirent ça de façon un peu démagogique, en disant que ça va être de la surveillance. C’est plutôt une façon de valoriser la profession», affirme sa présidente, Suzanne Richard, en entrevue au Soleil.

Pour l’AQPF, la création d’un ordre professionnel permettrait de donner une nouvelle voix aux enseignants, qui s’ajouterait à celle de leurs porte-parole syndicaux, et de mettre en place un mécanisme d’évaluation des enseignants.

«Il faut trouver le moyen d’évaluer leur travail, mais sans se baser sur les résultats des élèves. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui se fait dans les cégeps et les universités?» demande Mme Richard.

Par ailleurs, la question de la formation continue des enseignants, qui n’est présentement pas obligatoire, devrait être «étroitement liée à celle de l’ordre professionnel, car ce qui est en jeu, ce ne sont pas les conditions de travail mais la profession elle-même, que les syndicats ne réussissent pas à eux seuls à défendre si l’on constate l’ampleur de la détresse que vit le corps enseignant», peut-on lire dans la missive, cosignée par Érick Falardeau, président de l’Association internationale pour la recherche en didactique du français.

Bolduc ne ferme pas la porte

Le débat sur la création d’un ordre professionnel des enseignants a refait surface la semaine dernière avec la publication du rapport Champoux-Lesage, qui en recommande la mise en place.

Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, ne ferme pas la porte à l’idée et «envisage» de demander un nouvel avis sur la question à l’Office des professions sans toutefois s’y engager formellement, a-t-on précisé mercredi au cabinet du ministre.

De son côté, la mise sur pied d’un mécanisme d’évaluation des enseignants, aussi recommandée dans le rapport Champoux-Lesage, «n’est pas exclue» et «pourrait être reliée» à la création d’un ordre professionnel, a précisé son attachée de presse, Yasmine Abdelfadel.
 

Vive opposition syndicale

Si le ministre Bolduc décide d’aller de l’avant, il devra faire face à une levée de boucliers dans les rangs syndicaux. «La valorisation de la profession, ce n’est pas le mandat d’un ordre professionnel. Son mandat, c’est la protection du public», affirme Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats d’enseignement (FSE-CSQ).

Or, au cours des dernières années, deux mesures ont été mises en place pour protéger encore davantage les élèves, poursuit-elle : la vérification systématique des antécédents judiciaires des profs et la mise en place d’un Protecteur de l’élève dans chaque commission scolaire.

«C’est un mauvais médicament pour un problème bien réel, ajoute Mme Scalabrini. Le problème, c’est que les enseignants se sentent dépassés par la tâche. Pour nous, l’ordre professionnel, c’est un faux débat.»

Daphnée Dion-Viens
Le Soleil